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Mairie de CHEVRIÈRES

La 1ère guerre mondiale à Chevrières : mémoire et souvenirs

Regard d’un historien sur la Grand Guerre et Chevrières

La Grande Guerre, ce fut l’invasion, pendant plus de quatre ans, des plaines riches du Nord, la mobilisation de la main d’œuvre, autant pour la culture que pour l’artisanat, la pénurie des moyens de production et de transport. Dès 1914, la moitié des hommes partit et les femmes durent prendre la relève, sortant de leur domaine réservé, la cuisine et la basse-cour, et devant assurer les travaux de l’étable et des champs, avec l’aide des plus anciens et des plus jeunes. Parmi ceux qui revinrent, il y eut aussi bien des blessés et des handicapés. Rappelons que les combattants appartinrent essentiellement à la paysannerie et à la bourgeoisie ; les ouvriers restant affectés dans leurs entreprises et leurs mines. A Chevrières, après un appel aux commerçants et aux producteurs pour le maintien des prix, le conseil municipal ne s’occupa plus guère que d’assistance pendant toute la guerre. Il fallait distribuer des vivres aux familles nécessiteuses, notamment à celles privées d’appui par la mobilisation (chaque jour : 500 g de pain par femme, 200 g par enfant, ou du lait pour les bébés ; chaque semaine un pot au feu selon le nombre d’enfants). En août, un sursis d’appel fut immédiatement demandé pour un garçon boulanger et un congé pour le boulanger Lignereux : il avait six enfants vivants, appartenait à la plus ancienne classe et servait de garde-voie. La boulangerie Lignereux était en effet la seule à Chevrières et Houdancourt et le pain restait la base de la nourriture. Il fallut aussi faire face à l’arrivée  de 25 puis de 40 réfugiés de Verdun, à coucher et nourrir, logés dans la salle des conférences des Langlois. Une ambulance fut organisée au château du Marais. L’occupation allemande du 1er au 11 septembre, est racontée par le Chanoine Morel. On dut s’installer dans la guerre et accorder une assistance médicale gratuite, pour 46 inscrits dans 34 familles ; particulièrement aux vieillards, aux familles nombreuses, aux femmes en couche, aux évacués. On connut ensuite des difficultés pour les laissez-passer des ouvriers agricoles, nécessaires pour les betteraves.

Le 9 octobre 1921, on inaugura le monument aux morts, situé alors au chevet de l’église et en bordure de la rue. Cette croix révèle la piété foncière des habitants du pays ou au moins de ses représentants. Le socle porte 47 noms pour la guerre 14-18, terrible saignée qui révèle le sacrifice du soldat-paysan, sa ténacité et son endurance qui firent notamment leur preuve pendant la guerre des tranchées.

Notre monument aux morts

AUX ENFANTS DE CHEVRIERES MORTS POUR LA FRANCE

1914 – 1919

ANCEL Maxime – ANCEL Gustave – BIDAUT Casimir – BOUCHINET Eugène – BOUCHINET Jean-Baptiste – BOUCHINET Léonard – BOVE Julien – BRASSEUR Désiré – CARON Georges

CARTELLIER Albert – CARTELLIER Emile – COQUART Henri – DADOT Gabriel –

DEBLOOS Jules – DELANNOY Georges – DELAPLACE Emilien – DELAPLACE Georges – DEVAUX LOUIS – DOURBEKER Jean – DUBUS Amand – DUCAUQUY Lucien –

DURUSSEL Cyrille – FAVIER Louis – FLAMAND Arthur – FINET Alfred – FIRMIN Louis – GLORIAN Jean – GROPEAUX Jean – GROPEAUX François – HARLE D’OPHOVE Jean – HOCHARD Léon – HEITZ Michel – HERIN Fernand – HOTTIN Charles – LEBEAU Marcel

LEDRU Octave – LEMAIRE Lucien – LESTRILLART Albert – MARION Pierre

MASSY Camille – MAUGY Arthur – MIEL Lucien – MONTIER Georges – OUSTER Marius

PINEL Emile – PINEL Parfait – PELLIEUX Alexandre

Les monuments aux morts

 

« Sans doute cette guerre fut-elle, de toutes, la plus « grande ». La nation tout entière mobilisée, huit millions d’hommes  -un Français sur cinq-  sous les drapeaux, un million quatre cent cinquante mille morts, presque toutes les familles endeuillées : la généralisation des monuments est à l’image du traumatisme, et toutes les communes n’en auraient sans doute pas élevé, si elles n’avaient toutes eu à y graver le nom de plusieurs de leurs enfants. On n’est donc en présence ni d’une initiative purement privée, ni d’une entreprise étatique, mais de la convergence d’actions municipales. Ce n’est ni un groupe de citoyens, ni l’Etat qui décident de rendre hommage aux morts de la guerre, mais les communes, les citoyens dans leur groupement civique de base, le peuple en ses comices…En témoigne l’inscription le plus souvent gravée sur les monuments : «La commune de … à ses enfants, morts pour la France », qui institue une relation précise entre trois termes : la commune, qui revendique son initiative collective ; les citoyens morts, destinataires de l’hommage ; la France enfin, qui reçoit leur sacrifice et le justifie. »

J’ai vu les Allemands à Chevrières en septembre 1914

Dans son Histoire de Chevrières, le Chanoine Morel nous livre un récit étonnant de la présence des troupes allemandes à Chevrières entre le 1er et le 11 septembre 1914. Les combats ont opposés les Anglais et les Français  contre  les troupes allemandes. Ces dix jours illustrent les premières semaines de la guerre de mouvement de l’année 1914.

En voici quelques extraits :

« C’est le lundi 31 août 1914, que parurent les troupes anglaises au Grand Fresnoy, au Fayel, à Longueil Sainte-Marie et à Chevrières. Elles se remirent en marche le mardi 1er septembre  dès 4 heures du matin. A peine avaient-elles franchi le pont de Verberie que ce pont fut détruit. Le canon tonne, les mitrailleuses crépitent dans la direction de Crépy en Valois.

Vers 10 heures, les uhlansse montrèrent. A partir de midi, ce fut un lugubre défilé de l’armée allemande venue d’Estrées Saint-Denis et de Clermont. Leur dessein était de passer l’Oise à Verberie, mais il fallait rétablir le pont. Bientôt toutes les routes du Grand Fresnoy, Chevrières, Longueil, Rivecourt et le Meux furent couvertes par la cavalerie ennemie. Des Anglais réfugiés dans les bois, notamment au Fayel, inquiétaient les envahisseurs. Un capitaine voulut au Grand Fresnoy observer la plaine du haut de la tour de l’église. Pour n’avoir pu livrer immédiatement la clef du clocher, M. Lamarre, curé, fut menacé du revolver puis gardé à vue dans sa maison toute la journée. Chez M. Félix Hervaux, à la fabrique de sucre, les Allemands voulurent faire livrer toute l’essence qu’ils soupçonnaient bien cachée et qu’ils finirent par découvrir à la trace de roues des brouettes. M. Hervaux fut emprisonné toute la journée dans sa buanderie. Sa maison fut entièrement dévalisée et ses livres de comptabilité lacérés. Une orgie se fit dans sa salle à manger et tout le vin de sa cave, au moins  69 bouteilles de Sauternes, fut bu, tant par ceux qui s’étaient installés chez lui que par les soldats installés sur les berges du chemin, semées de bouteilles vides et de boîtes de conserve.

Deux Anglais s’établirent avec une mitrailleuse près de la fabrique de produits chimiques à 200 mètres de la Gare de Chevrières. Quand les troupes allemandes atteignirent la barrière du chemin de fer, ils firent jouer leur mitrailleuse. Les corps des soldats massacrés furent jetés pantelants dans une voiture et la marche, un instant interrompue, reprit la direction de Verberie.

Toutes les maisons fermées eurent leurs portes brisées et leur mobilier saccagé. Un conseiller municipal de Chevrières, M. René Crappier, fut contraint, la baïonnette dans le dos, de descendre à sa cave pour livrer du vin.

Le mercredi 2 septembre, les Allemands essuyaient un sanglant échec à l’Orméon devant Verberie. Toutes les berges des chemins du Grand Fresnoy à Verberie étaient noires de soldats. Des canons et des fourgons de munitions sont installés derrière les bois, depuis Le Quesnoy jusqu’aux Ruminées. Défendant le passage, deux batteries à cheval du 61ème d’artillerie servaient de renfort aux troupes anglaises. A partir de 2 heures, le 2 septembre, nos pièces de 75 canonnèrent sans relâche les Allemands qui débouchaient de Chevrières par l’Orméon entre les bois et l’Oise. Le duel d’artillerie ne prit fin qu’entre 6 heures et 7 heures du soir. On compta environ 350 tués parmi lesquels deux chefs dont l’un eut le crâne enlevé par un éclat. L’action fut chaude. La boucherie fut effroyable. Qu’ont fait les Allemands de leurs morts ? Les uns disent qu’ils les ont brulés, les autres qu’ils les ont jetés à la rivière. Quelques soldats, ainsi qu’un officier, furent inhumés sur place dans le bois Laversin, à l’endroit où ils avaient été frappés. Ils laissèrent aux fermier et aux habitants des Ruminées le soin d’enterrer neuf de leurs compagnons et tous les chevaux tués. Une tranchée reçut le lendemain les corps oubliés après la bataille.

Partout dans le village ce fut une véritable razzia, les portes fermées furent broyées. Le café, le sucre, le beurre furent vite épuisés. La boulangerie elle-même était pillée.  Les Allemands restaient près du four afin d’emporter tout le pain. Dès le vendredi 4 septembre, la farine manque ».

 

Le « poppy » (le coquelicot) est le symbole du « Remembrance Day » (le jour du souvenir) qui est observé le 11 novembre au Royaume Uni. Pour commémorer la fin de la Première Guerre, la Reine et les Anglais portent à leur boutonnière ce petit coquelicot en papier rouge. Ce « poppy », acheté au profit de l’association d’aide aux anciens combattants, est devenu le symbole du soutien indéfectible que les Britanniques portent à leurs forces armées.

Le Bleuet de France incarne le symbole national du souvenir. En incitant les Français à le porter chaque 11 novembre, l’Etat veut témoigner sa reconnaissance et venir en aide aux hommes qui ont sacrifié leur jeunesse et ont défendu la France. Héritier d’une tradition de soutien aux victimes des conflits du XXème siècle, le Bleuet est aujourd’hui une manière de préparer un avenir solidaire pour tous.

Que commémore-t-on ?

La France rentre dans quatre années de commémoration de la Grande Guerre. On célèbre donc cette année à la fois l’Armistice de 1918 et l’entrée en guerre. Vous pouvez retrouver un grand nombre d’informations (photos, cartes, inédits, fac-similés, expositions, archives…) et tous les évènements en France et dans notre Région sur le site officiel de la Mission du Centenaire : www.centenaire.org. Vous trouverez notamment sur ce site les cartes IGN des mouvements de troupes dans l’Oise en 1914 : centenaire.org/fr/tresors-darchives/cartographie/les-cartes-de-ligne.

1914 – 1918 ou 1914 – 1919 ?

Vous l’avez remarqué sans doute, le monument aux morts de Chevrières retient 1919 et non 1918 comme fin de de la période meurtrière. Plusieurs hypothèses coexistent. La guerre prend fin le 11 novembre 1918 avec la signature de l’armistice à Rethondes. Le cessez-le feu est effectif le même jour à 11 heures. L’Armistice marque ainsi la fin des combats et la victoire des Alliés. Mais ce n’est que le 28 juin 1919 que le Traité de Versailles est signé dans le cadre de la Conférence de Paris : il institue la Paix entre l’Allemagne et les Alliés et veut reconstruire une Europe nouvelle. L’autre hypothèse retient que Chevrières voit revenir ses combattants du front avec des blessés parmi eux. Les souffrances et les blessures de guerre vont entraîner la mort de soldats jusqu’en 1919.

Repères chronologiques du début de la guerre

28 juin 1914 : L’Archiduc héritier de l’empire austro-hongrois est assassiné à Sarajevo

28 juillet 1914 : L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie

31 juillet 1914 : Jean Jaurès est assassiné à Paris

1er août 1914 : Mobilisation générale décrétée en France et en Allemagne.

3 août 1914 : L’Allemagne déclare la guerre à la France

4 août  1914 : Le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne – Message de Raymond Poincaré : L’Union Sacrée

2 septembre 1914 : Les Allemands atteignent Senlis – Le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux

Photos de Market garden : pages14-18.mesdiscussions.net 

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